La chauve-souris se laisse tomber du plafond, comme une araignée, fascinante.
Son aile aigüe effleure le cou de Colombe qu’elle enveloppe, sombre, opaque.
Le souffle s’accélère, puis s’enfuit. La parole aussi.
Plus tard, dans la journée.
L’hôpital, encore.
Chambre seule, pour une fois.
Les enfants sont là.
Les petits aussi.
Non.
Antigone ?
Personne ne l’a prévenue !
Clémence la gourmande non plus.
Et Emmanuel ?
Electre n’a pas l’air de vouloir les appeler.
Sa voix est aigre.
Elle gesticule,
rouge.
Jérémie dit qu’il ne comprend pas où est le problème.
« Comment les accuser d’être indignes
alors qu’ils ne savent même pas ? »
Il part.
Où va-t-il ?
Les minutes semblent des années, la souffrance est abominable. Retrouver le souffle. Retrouver le souffle. Le temps de les revoir. Une dernière fois. Partir avec leur image. Egoïstement.
Antigone est là. Elle me parle.
Sa mère aussi. Au revoir Claire.
Au revoir.
Ma petite fille.
Ne me regarde pas ainsi, le combat a commencé
et je sais que je ne gagnerai pas cette fois-ci.
La bête a achevé son œuvre, elle s’agrippe à mes côtes, glisse contre mes poumons et cherche à sortir enfin.
Où est mon petit ?
Electre ne veut pas qu’Antigone l’appelle :
il est parti passé la semaine à l’autre bout du pays ;
il risque de se tuer
sur la route
pour me voir
une dernière fois.
Mon Dieu,
Non !
Je ne veux pas
prendre ce risque !
Je vais mourir sans le revoir.
De toute façon
il est
trop tard
pour parler.
Pour dire.
Juste un dernier regard.
Pourtant.
J’attendrai pour partir !
Lutter !
Lutter…je le veux !
24 octobre, au matin.
Ah,
Emmanuel !!
Enfin. La main dans ta main.
Libérée.