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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 21:45

Pendant longtemps, on se moqua des plaintes de Colombe. Elle était paranoïaque et, comme toutes les personnes âgées, voyait le mal partout. Personne ne venait fouiller son placard, voyons !

Jusqu’au jour où Clémence, en visite, vit entrer un moineau en robe de chambre bleue élimée, aux cheveux blancs hirsutes, aux grands yeux écaillés glissant dans des chaussons rouges. Sans dire un mot, l’apparition se dirigea vers l’unique placard de la pièce. Elle attrapa un des mouchoirs brodés qui reposait sagement sur une pile bien droite, fraîchement repassé par la femme de ménage de sainte Electre.

Clémence alla chercher l’infirmière qui se trouvait heureusement chez le voisin, afin de constater la réalité de l’effraction. Colombe manifesta ce jour-là une joie bruyante et réclama les excuses de tous ceux qui la croyaient sénile !

 

               Sa visiteuse venait de « l’étage Alzheimer », et était libre de ses mouvements. Libre et abandonnée à elle-même, par les siens, la mémoire, le monde, la société et ceux qui étaient payés à la garder loin des vivants, des actifs, des bien portants.

Il n’y avait aucun moyen de l’empêcher de visiter les autres locataires, il fallait faire avec.

Quand on vit en communauté on doit prendre sur soi.

Colombe espérait secrètement que cette révélation ferait avancer son évasion de ce lieu improbable. Pourtant, on ne venait toujours pas lui annoncer son départ. Incompréhensible. Au bout de quelques temps, elle interrogea sa fille qui lui répondit sèchement qu’elle ne comprenait pas où était le problème étant donné que cette situation était la seule possible pour tout le monde. Il fallait qu’elle réalise que tous avait une vie et qu’ils ne pouvaient pas les mettre entre parenthèses pour elle.

Ne sois pas ridicule maman!

 

Colombe, qui s’était toujours résignée, le fut à nouveau. Elle n’avait plus aucun espoir si Electre avait décidé de la laisser ici. Elle le savait : personne ne contesterait la décision de sa fille. Elle craignait depuis longtemps cette situation. Le jour où elle serait condamnée sans appel pour sa faute : l’intransigeance de sa religiosité. Elle devait s’en remettre au verdict, puisque personne ne semblait vouloir l’absoudre en lui rendant sa liberté.

 

Alors elle s’adapta. Et renonça à toute résistance. Il fallait s’accommoder tant bien que mal à cette réalité. Elle qui avait toujours refusé de partager les repas dans la salle-à-manger et se faisait porter un plateau dans sa chambre, en signe de contestation libertaire, finit par céder et accepta de descendre dans la grande salle commune.

Auparavant, elle n’avait pas voulu croire que sa situation était arrêtée et ne voyait pas pourquoi elle se serait intégrée à la vie de ce lieu dont elle ne voulait rien connaître. Et surtout pas les autres. Ceux qui, comme elle, attendaient de partir ailleurs, hébétés.

 

Du jour où elle accepta de s’insérer dans cette société, elle bascula. Par contamination.

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Published by Antigone - dans Si Dieu veut...
31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 18:11

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Published by Antigone - dans What a wonderful world!
30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 16:52

Juillet.

            Emmanuel, Antigone et Clémence ont apporté des affaires : une bibliothèque avec quelques ouvrages, dont des albums photos, une commode pour ranger le linge, et un guéridon avec un vase. Tout le monde a trouvé ce déménagement ridicule et inutile, Colombe la première.

Electre grommelle qu’il faudra tout récupérer bientôt et que cela ne mérite pas tant de dérangement. Une vraie perte de temps ! Enfin, la fin de vie de quelqu’un ne nécessite pas autant d’attentions parce que justement, c’est la fin, que vanité tout est vanité et qu’on s’est donné bien assez de mal comme ça toute notre vie à supporter, non!

Colombe est convaincue qu’on va la ramener chez elle, ce n’est pas possible autrement, on ne peut pas la laisser ici, maintenant qu’elle va mieux, et que le temps des roses approche. Elle le sait. Cela ne sert à rien de l’installer, de recréer cet ersatz d’intimité.

Et puis, il y a cette ombre qui vient tourner dans sa chambre la nuit, et qui ouvre son placard en proférant des choses étranges.

Au bout de quelques jours, Colombe a compris que sa fille n’œuvrait pas dans son sens et s’est résignée. Elle feuilletait les albums et rejoignait Emile, souvent Victoire et maman.

"Oh, maman, pourquoi m’as-tu abandonnée maman ? Pourquoi ne m’as-tu pas gardé avec toi ? Quelle vie et pour quel résultat ? Viens me chercher ! Qu’attends-tu ?"

 

Elle reprenait vite le cours de ses pensées silencieuses ne supportant pas l’idée qu’un autre résident puisse l’entendre.

Si Dieu veut… C’est donc qu’Il le veut. Il cautionne cette fin. Je mérite d’être ici. Je mérite d’être ici ?

On ne ferme pas les portes dans les maisons de retraite, trop d’organisation. Cela implique donc qu’on ne puisse jamais être assuré de sa tranquillité. Les infirmières et les aides entrent sans frapper pour effectuer leur protocole, et on doit se régler à leur ballet particulier, bannir toute forme de spontanéité et surtout devoir être ramené au rang d’handicapé, de vieillard impotent devant sa famille, ses amis, tous.

 

Et puis tout le monde peut venir dans votre chambre.

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Published by Antigone - dans Si Dieu veut...
29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 09:00

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Published by Antigone - dans What a wonderful world!
28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 21:45

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Published by Antigone - dans What a wonderful world!
28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 21:29

Avec un chat, noir, roux ou blanc 

un chien, petit ou grand 

un perroquet

ou deux araignées

les cheveux longs

rasés et blonds 

sage ou rebelle

cuir ou dentelle

Iavhé, Dieu, Allah

ici et là

toi, moi

mêmes droits. 


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Published by Antigone - dans Singing in the rain
28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 11:05

A gauche, une porte conduit à la salle-de-bains. Dans cette pièce ultra fonctionnelle, pas de fenêtre. La douche n’a ni cloison ni rideau, rien contre lequel on pourrait se cogner, rien sur quoi déraper, aucun paravent pour dissimuler sa nudité. Les toilettes sont juste à côté, le lavabo dans le prolongement. Le sol est en vinyle vert foncé, comme dans la chambre. Pas de rangement afin que les aides soignantes aient tout sous la main immédiatement, le savon, le shampoing, le coton, les lotions, les couches.

Les traces du temps, les cicatrices, l’ablation de sa féminité, à gauche. Exposées.

Nettoyée comme un animal, ou un prisonnier, au jet.

Elle avait vu ça dans un film.

Humiliée.

 

Plus vite.

On vous traite comme un enfant. Avec agacement, impatience, et parfois un peu de violence ordinaire.

« Mais sont épuisants ces vieux aussi avec leurs manies, leurs habitudes, pourquoi ne comprennent-ils pas qu’on n’a pas qu’ça à faire ? qu’ça va plus vite si on les douche, et qu’on les habille ? que mett’e de la crème à leur âge ça sert plus à rien ?  qu’ils n’ont qu’à attendre sagement !»

Sagement. Comme de vieilles images qu’ils finiront par devenir dans les albums et les mémoires.

 

              Colombe est pudique, depuis toute petite. Pudique et soignée. On ne doit pas imposer aux autres un aspect négligé. Manucure et pédicure ont toujours fait partie de son quotidien, tout comme le coiffeur qui soigne ses plumes argentées depuis vingt ans. Depuis l’accident comme elle l’appelle, la manucure n’est pas revenue. Le coiffeur non plus. On ne doit pas juger cela nécessaire.

« Frais inutiles, injustifiés, ridicules. Et puis quoi encore ! »

Guerlain, l’eau Impériale ; elle voudrait se parfumer, un peu, juste un sillage discret pour ne plus sentir cette odeur qui rôde autour d’elle depuis l’hôpital. Mais personne n’a remplacé le dernier flacon. Electre lui a apporté un parfum à la verveine, bon marché. Un jus d’herbe fade sans histoire. Elle préfère ne pas le porter. Cette odeur n’est pas la sienne.

La chauve souris s’est endormie dans un coin de la pièce. Mais, comment est-elle venue  jusqu’ici ? 

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Published by Antigone - dans Si Dieu veut...
24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 22:47

Antigone et Clémence avaient tenté d’expliquer que cet argent appartenait à leur grand-mère et qu’elles ne comprenaient pas où était le problème, plaidant pour la tierce personne. On leur avait rétorqué qu’il était ridicule de dépenser autant ainsi quand on pouvait tout simplifier via la maison de retraite. L’argumentation fut spécieuse. Mais incontestable. La logique mathématique étant érigée en raison absolue, il fallut consentir de mauvaise grâce, la lutte s’avérant parfaitement inutile.

La solution du Doux repos, maison de retraite moderne pour heureux vieillards en mal de dernier refuge fut ainsi adoptée dans le bruit et la fureur : l’insurrection de Clémence, l’impuissance convulsive d’Antigone, la lâcheté des deux frères, la jubilation des deux femmes, la coalition des cousins.

 

         A droite du lit, une table de chevet à roulettes en plastique blanc sur laquelle se trouve le seul objet personnel qu’elle ait eu envie de prendre auprès d’elle : un cadre en argent, protégeant deux photos : Victoire à soixante ans, quelques années avant ce satané cancer, en tailleur ivoire. Elle porte ce collier de perles roses qu’elles avaient acheté ensemble ; Emile, en Algérie, à cheval, son borsalino visé sur le crâne, un sourire enfantin illuminant son visage. À côté, des médicaments, un verre d’eau et un mouchoir brodé. Lorsqu’elle se tourne pour attraper ce vestige de son trousseau, elle aperçoit à travers la baie vitrée les montagnes au loin, derrière des immeubles, et les nuages, gris le plus souvent. Quel mois sommes-nous ? Que de pluie ! Un bruit atténué de voitures glisse jusqu’à elle.

Elle s’évade très loin. Au bord de la mer, il y a plus de quatre-vingt ans, lorsqu’elle courait sur la plage avec Victoire et n’imaginait pas qu’un jour elle vivrait en France, de l’autre côté. Son père, un italien blond et fort, aux belles moustaches dorées, avait épousé une solide maltaise d’origine aristocratique aux cheveux et aux yeux sombres, ces yeux que Colombe avait transmis à Antigone. Elle ne pensait pas qu’un cousin par alliance, aux origines floues l’épouserait, ni qu’elle devrait un jour quitter l’éden. Elle n’avait jamais retrouvé un endroit aussi beau que l’Algérie. Jamais vu une eau aussi pure que là-bas, un soleil plus chaud, des dattes si gorgées de miel. Et elle savait qu’elle n’y retournerait jamais. Elle passa le reste de sa vie dans le regret de cet ailleurs qui l’avait vu naître ainsi que ses enfants.

 

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Published by Antigone - dans Si Dieu veut...
24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 14:54

ACTE I

Juin.

 

Au fond d’un petit lit étroit, presqu’un lit d’enfant, Colombe dort. Respiration difficile. Reliée à une machine qui l’aide à inspirer, le tube lui blessant les narines.

Elle a eu très peur de ne plus jamais retrouver le souffle. Elle n’a pas compris ce qui lui était arrivé : le sol s’était dérobé sous ses pieds, l’air lui avait manqué, elle avait du appeler à l’aide, aveu de sa faiblesse. Personne n’avait répondu. C’est étrange, dans une maison gériatrique, que rien ne soit prévu en cas de défaillance, comme si, le mot d’ordre était de laisser faire et surtout de laisser mourir.

Electre était arrivée, agacée d’être dérangée dans son oisive vie de femme d’homme d’affaires, et avait finalement pris les choses en mains. L’hôpital, l’autre chambre, la promiscuité, la grande faucheuse tapie au plafond telle une chauve-souris, les visites, les filles en larmes, les roses laissées à l’infirmière : la machine à oxygène.

Puis, soudaine rémission, l’espoir de revenir à la maison, auprès de ses fantômes, auprès de sa fille peut-être, pour mourir dans l’intimité du cercle de sa petite vie.

Le retour à la maison de retraite pour toute convalescence.

La petite chambre au deuxième étage du grand navire de béton et d’acier.

Etrange lieu pour terminer sa vie.

Un purgatoire aseptisé aux murs vanille.

Avec vue sur l’enfer, au cas où l’on y échapperait par la suite.

Le processus est enclenché. Désormais, Colombe veut partir au plus vite, loin, si Dieu veut !

Les draps ne sont pas les siens, ni dentelle, ni motif au crochet ; la couverture est en polaire : elle que seul son plaid en mohair réchauffait. Le couvre-lit, jaune et bleu ressemble à ceux que l’on jette négligemment dans les hôtels sans âme. Colombe aime le rose et l’abricot.

Les murs sont jaunes, un jaune écœurant, façon crème anglaise ou beurre frais. Lisses. Sans fissure, sans ombre, sans tâche. Sans âme. Non pas sans histoire…

Une odeur indéfinissable baigne les lieux.

 

          Lorsqu’elle avait intégré cet établissement, un an et demi auparavant, elle avait rué de toutes ses forces contre cette mise sous tutelle sauvage. Elle refusait de céder, pour la première fois de sa vie ! Elle pressentait le piège et refusait qu’on l’y précipite. Elle avait toute sa tête malgré ses quatre-vingt-douze ans ! Et puis elle avait de l’argent, tout est possible quand on a de l’argent ! Elle voulait mourir chez elle et ne voyait pas où était la complication !

          La complication faisait six cent mètres carrés, comportait deux étages et se situait à une demi-heure de la ville où résidait sa progéniture.

Ses forces déclinant, il aurait fallu engager une aide à domicile à temps plein et s’organiser pour se relayer auprès d’elle. Trop coûteux, déclara la collectivité. C’est-à-dire Electre. Jacques avait appuyé involontairement la décision de sa sœur lorsqu’il avait fait remarquer, avec la finesse et la subtilité qui le caractérise, que maman pouvait encore vivre dix ans et qu’à ce rythme là, l’héritage serait vite dépensé, ce qui était impensable et inadmissible. On ne pouvait dilapider aussi bêtement un argent qu’on avait tant espéré. Véronique avait approuvé bruyamment, et Emmanuel, cédé. N’était-ce pas la solution la plus simple ? 

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Published by Antigone - dans Si Dieu veut...
23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 01:15

Scène 3 :

 

Tous s’affairent autour de Véronique qui semble s’être étranglée avec le morceau de tarte qu’elle engloutissait en cette fin de la scène -entorse hebdomadaire fatale à son régime.

 

Jacques, qui prudemment sur les conseils de sa femme n’avait pas dit un mot, intervient afin de sauver la mise à sa chère épouse, faisant preuve de son tact légendaire : Véronique est très émotive, nous le savons, et ça ne s’arrange pas en vieillissant. La ménopause sans doute… Les hormones…

 

Electre, le coupant, moqueuse : Ah les affres de l’âge ! L’émotion à fleur de peau. Les épanchements lacrymaux. Et bien sûr, la maison, les souvenirs… tu te fous de moi ? La seule chose qui puisse provoquer de l’émotion à cet animal à sang froid c’est l’argent !

Ou les diamants…

S’adressant à ses nièces, d’un ton tranchant : Oui j’ai récupéré les bijoux, mais votre grand-mère me les a donnés avant de mourir ! C’est comme ça. Et de toute façon, il est logique que les bijoux reviennent à la fille aînée ! Vous n’avez rien à dire.

 

Clémence, effilant son sourire félin : Dans un mauvais roman médiéval sans doute, mais la réalité dit le contraire, ainsi que le droit ! Il n’y a aucun écrit, bien sûr, ni aucun témoin à ce don opportun, n’est-ce pas ? Aucune contestation n’est possible à la volonté d’une morte !

Tu penses vraiment nous faire gober ce genre de connerie ? Tu connais la notion de « recel successoral », toi qui sais toujours tout mieux que tout le monde  et qui donne des leçons d’équité?

 

Emmanuel, qui depuis l’enterrement a repris le joug du benjamin : Clémence, ne parle pas comme ça à ta tante ! Nous sommes une famille ! Nous devons nous faire confiance. De toute façon, tu ne veux rien, nous ne voulons rien. Ne sois pas injuste avec tes accusations ! Après tout, ce n’est pas bien grave…

 

Clémence, se redressant brutalement, rouge d’une colère qu’elle contient depuis des années :Je t’interdis de parler de famille et encore moins de justice !

On est en plein délire, là ! C’est la quatrième dimension cette maison !

 Les mots n’ont plus aucun sens ; les cons sont rois et les gentils sont des abrutis !

On veut nous faire passer pour ce que nous n’avons jamais été : des êtres vils, veules, et intéressés !

Se tournant vers ses tantes :

Vous êtes-vous seulement regardés dans un miroir récemment bande de… hyènes !

Faudrait voir à se remettre un tout petit peu en question là, les charognards !

 

Antigone, regardant par la fenêtre : Ma pauvre sœur, tu décris le monde réel, nous sommes cernés par l’absurde…

Certes, cela est d’autant plus vrai dans cette maison, à cet instant précis.

Fixant Electre dans les yeux, son sourire disparaissant : Alors, il était là le motif ?

 

Electre se raidit et devient blême.

 

Antigone, reprenant : Un peu vénal, non ? Pas très original en tout cas. Il y a des mobiles plus nobles. Mais je n’en attendais pas plus de gens aussi dépourvus d’imagination.

 

Electre, dont le souffle s’accélère, sur un ton de plus en plus aigre: Mais de quoi parles-tu ? Quel motif ? Quel mobile ? Pour qu’il y ait motif, il faudrait qu’il y ait eu…

 

Antigone l’interrompant calmement : …meurtre ? Mais c’est de cela dont il est question. Entamant la litanie des synonymes telle une comptine macabre : Assassinat, crime, exécution, homicide. Matricide. Tout cela à la fois.

 

Clémence s’approchant de sa sœur, appuyant chacun de ses mots : Bien sûr, les bijoux, c’est la cerise sur le gâteau. Mais le vrai mobile reste la vengeance.

Tu t’es vengée, enfin ! de cette femme qui t’avait empêchée de commettre ce qu’elle croyait être une faute. Il y a cinquante ans de cela !

Bien sûr, elle a eu tort ! Mais c’était une autre époque, et il aurait fallu qu’elle soit quelqu’un d’autre pour prendre une décision différente. Même aujourd’hui ce genre de décision est difficile à prendre ! En dehors d’un viol…

Et combien vous avez payé pour cette erreur ! Tous !

Cela ne suffisait pas ? Il fallait élargir la plaie, l’entretenir avec patience et rage pour lui montrer sans cesse combien elle avait été une mauvaise mère ?  

 

Antigone, se tournant vers Jacques et son père : Vous vous êtes tous vengés ; de votre enfance, de vos rancœurs, de tout ce qu’elle n’avait pas su vous donner. Mais vous est-il seulement venu à l’esprit que vous aviez le pouvoir de vivre quelque chose de différent ? Si seulement vous aviez dépassé vos mesquineries, votre connerie respective ! Et que vous aviez été des hommes !

Fixant à nouveau sa tante dans les yeux, avec une assurance nouvelle qui s’empare d’elle :

C’est si compliqué de pardonner ? la rage, la haine, le ressentiment sont des sentiments si agréables que l’on doive les cultiver ainsi ?

 

Clémence, regardant Véronique froidement : Quant à toi, tu as obtenu ce que tu voulais, qu’on se débarrasse de la vieille emmerdeuse, c’est bien comme ça que tu l’appelais ? Peu importe comment. Tu nous prends pour des abrutis ? Qu’est-ce que tu t’imagines ?

Vous êtes tous complices ! Coupables d’avoir tout fait pour qu’elle quitte le navire le plus vite possible !

Et je refuse de vous entendre parler de mamie comme si elle vous manquait ! Assumez au moins, une fois dans votre vie, ce que vous êtes, ce que vos choix ont fait de vous !

Des assassins, misérables acteurs d’une mauvaise tragédie grecque !

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Published by Antigone - dans Si Dieu veut...

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